Nathalie Baetens est photographe mais pour moi, elle est surtout « dompteuse de lumière ». Elle a le talent de mettre en image ce que l’on aimerait voir mais qui n’est pas là jusqu’à ce que l’on découvre ses photos. Sa personne rayonne de douceur et de bienveillance tout à l’image de son travail. Chez Brume Orpin, nous attachons une importance particulière aux rencontres exceptionnelles, Nathalie en fait partie. Elle sublime l’instant grâce à son objectif. Notre collaboration remonte à plus de 10 ans, pour ensemble mettre l’odeur en image.
Votre série « Paris confiné » au pied de la Tour Eiffel devrait faire l’objet d’une exposition, comme souvenir d’un moment d’histoire. Comment décrivez-vous cette série ?
J’ai choisi de réaliser cette chronique du confinement en me rendant, chaque jour, sur l’esplanade du Trocadéro, face à la Tour Eiffel. Je me suis postée exactement au même endroit, afin d’avoir toujours le même cadre, mais à des moments différents de la journée ou de la nuit. J’avais devant moi cet incroyable décor, habituellement bondé et cette fois désert, rendu encore plus spectaculaire par la rareté du mouvement. Parfois, une simple silhouette traversait le cadre, parfois tout un groupe, parfois rien ni personne, juste une variation de lumière inattendue…
Ce travail systématique et quotidien traduit parfaitement, je trouve, la répétition de ces journées confinées, toutes identiques à quelques détails près. La sensation du temps qui passe…
Je n’imaginais pas autre chose que du noir et blanc. A la fois parce que la Tour Eiffel est très graphique, pour plus d’élégance aussi, et pour souligner/renforcer ces moments suspendus, comme hors du temps.
Sur certaines images, prises à la tombée de la nuit, la Tour semble bouger, danser… Elle a des fourmis dans les jambes ! C’est un moment où moi-même je commençais à saturer !
Pour l’anecdote, j’ai suivi scrupuleusement les « consignes » : le Trocadéro est situé à 1km de mon lieu de confinement, et je n’y suis jamais resté plus d’une heure !
Pour vous, dont le métier est d’accrocher notre œil, quelle importance donnez-vous au sens olfactif ?
Une importance majeure ! Certaines odeurs font resurgir des souvenirs parfois très lointains en une fraction de seconde, et c’est une sensation très agréable. Par ailleurs, une photo, ce n’est pas qu’une histoire de visuel. Dans une photo réussie, on « entend » parfois des choses… et je pense qu’on peut aussi suggérer une ambiance olfactive.
Lorsque vous photographiez des flacons de parfum, l’odeur vous guide-t-elle dans le choix d’une couleur, d’une matière, d’un effet artistique ?
Je m’inspire avant tout de l’histoire du parfum, de sa couleur, des matières qui lui sont associées. Mais les fragrances me guident aussi, c’est une évidence. Les ambiances que je choisis sont associées aux notes du parfum : florales, orientales, fraîches ou sophistiquées, etc.
Si vous partiez d’une page blanche, quelle image feriez-vous du parfum idéal ? Qu’est-ce qu’un parfum idéal ? Et quelle image pourrait lui correspondre ? Questions difficiles…
Partagez-nous votre meilleur souvenir parfumé.
J’aime sentir la terre après la pluie. Cela me ramène en enfance… J’aime aussi l’odeur fraîche et iodée des bords de mer. C’est la signature olfactive de tout ce que j’aime.
Découvrez son univers: nathaliebaetens.com // @baetensnathalie
________________________________________________________________________________________________________ Photo credits ©baetensnathalie
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